Migration irrégulière : entre espoir brisé et défis pour l’avenir du Sénégal
La migration irrégulière continue de hanter le Sénégal, où chaque semaine de nouvelles pirogues chargées de jeunes candidats à l’exil sont interceptées ou portées disparues au large.
Et malgré les avertissements répétés ainsi que les campagnes de sensibilisation, de nombreux jeunes choisissent encore de risquer leur vie en mer, convaincus que l’Europe représente un horizon de meilleures opportunités.
Cette persistance trouve ses racines dans un chômage endémique, un coût de la vie croissant et une désillusion profonde face aux perspectives locales. Tandis que des familles entières vivent dans l’angoisse, espérant le retour ou au moins la survie de leurs proches, chaque drame en mer ravive tristesse et indignation.
Les autorités tentent de répondre par une surveillance maritime accrue et le démantèlement des réseaux de passeurs. Mais cette stratégie sécuritaire ne peut, à elle seule, tarir un phénomène alimenté par le désespoir.
Les ONG et experts appellent ainsi à un changement d’approche qui passerait par une véritable politique de création d’emplois pour les jeunes, le soutien massif à l’agriculture et aux PME locales, la valorisation de la formation professionnelle et l’ouverture de filières d’insertion adaptées aux besoins du marché.
D’autres suggèrent de renforcer la coopération avec la diaspora afin de canaliser les transferts de fonds vers des projets productifs, tout en multipliant les initiatives culturelles et sportives pour offrir des alternatives d’épanouissement.
Dans le même esprit, l’Union européenne est invitée à dépasser la seule logique de contrôle des frontières pour soutenir davantage le développement durable et les programmes d’entrepreneuriat. Car tant que les opportunités seront absentes, la tentation de l’exil restera vivace.
Dès lors, la migration irrégulière apparaît non seulement comme un drame humain mais aussi comme un appel pressant à bâtir un Sénégal où la jeunesse trouvera sur place des raisons d’espérer et des perspectives solides, afin que l’océan cesse définitivement d’être perçu comme la dernière échappatoire.
Mais au-delà des constats, une question demeure : quelles mesures concrètes et quels calendriers précis permettront réellement de créer des emplois durables et des filières adaptées aux jeunes vulnérables ?
Une autre interrogation s’impose : de quelle manière la coopération internationale, y compris avec la diaspora, pourrait-elle être orientée de façon prioritaire vers des projets productifs locaux plutôt que vers le seul contrôle des frontières ?
Enfin, comment construire une vision nationale à long terme capable de redonner confiance aux nouvelles générations et de transformer leurs rêves d’ailleurs en opportunités sur place ?
Dr CISSE Saliou, Coordonnateur de projets du parti ACT
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